Entre 7 et 13 ans, mon terrain de jeu était situé dans la ruelle en arrière de chez moi. Je prenais mon gant de baseball, une balle de tennis et je dessinais un carré sur le mur de mon voisin pour former une cible à l'aide de ma craie.

 Ça y est, la partie pouvait commencer.. 

 J'étais le lanceur et il fallait que j'élimine les joueurs invisibles à qui je faisais face. Je rentrais manger une bouchée pour le dîner et je ressortais pour les éliminatoires en après-midi. Ça pouvait durer des heures et je ne voyais jamais le temps passer. 

 ''Désolé mon ami, je ne peux pas jouer à Nintendo avec toi, je suis occupé à gagner la série mondiale''. 

 Je ne prenais pas de journées de repos, sauf pour aller jouer au vrai baseball ou au hockey avec mes amis. Je ne comptabilisais pas le nombre de minutes passées au baseball. Je ne passais pas mon temps libre à chercher des recettes efficaces pour devenir bon, parce que mon temps libre je le passais à jouer dehors. 

 Je me souviens qu'un entraîneur m'ait dit un jour : 

- Lui : Sais-tu pourquoi Josué Peley est le meilleur? 

- Moi : Non.

- Lui : Parce que c'est lui qui s'amuse le plus sur le terrain. 

 Quelques années plus tard dans le monde de la course à pied...

 Nous, soi-disant amoureux de la course, ne courons que 2, 3 ou 4 fois par semaine parce que l’on manque de temps. De toute façon, c'est déjà bien parce que Santé Canada recommande de bouger au moins 3 fois 30 à 45 minutes par semaine.

 On ne sort jamais courir pour 10 ou 15 minutes si l'on manque de temps, parce que ça ne donne rien! Et si votre enfant vous répondait ça... ''Je ne vais pas aller lancer le ballon au panier pendant 10 ou 15 minutes, parce que ce n'est pas assez pour m’améliorer''. Vous seriez triste pour lui, parce que vous savez qu'il n'y a pas de temps minimal pour sortir et s’amuser à pratiquer son sport. 

 Nous, passionnés de la course, ne voulons pas nous blesser, mais étant trop pressés de devenir bons, nous perdons notre temps à revenir à la case départ parce que l’on est éclopé. Tant qu'à ça, moi Dom Royer, je préfère être doux avec mon corps et m'amuser à rester mauvais.

 On aime tellement ça courir qu'on se dépêche d'en avoir fini avec cette course pour aller s'étendre sur le canapé. On est tellement amoureux de ce sport que l'on ne court pas lorsqu'il pleut, lorsqu'il fait trop froid, lorsqu'il fait trop chaud et lorsque l’on est fatigué... Quoi qu'il arrive, demain sera sûrement mieux pour devenir un meilleur coureur.

 On ne cesse de se comparer aux autres et on est envieux de ceux qui réussissent plus facilement que nous, alors que la course à pied est l’un des sports le plus individuel et personnel qui puisse exister. 

 On a honte de marcher et de prendre une gorgée d'eau si l'on ressent de la fatigue... Comme si c'était un signe de lâcheté. On s'excuse même à nos amis si l'on est plus lent qu'eux... On se sent coupable de les ralentir. Pourquoi sommes-nous gênés de dire: ''Peux-tu ralentir s.t.p.! Ça m'agresse de courir vite et dans ce cas-ci je m’y sens obligé et je n'aime pas mon moment''. 

 Ah oui, dernière chose... À toi qui m’as demandé pourquoi 9000 km en 2020, pourquoi courir autant?

 T'as juste à relire le titre de ce texte, tu vas comprendre.